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  • djamila amrane 5 juillet 2025

Danielle Djamila Amrane Minne, ancienne combattante pour la Libération de l’Algérie

Dans le cadre de la dénomination de la Maison du Parc départemental de la Bergère à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. 5 juillet 2025
(vidéo en lien)

                                Danièle Djamila Amrane Minne 

Ancienne combattante pour la Libération de l’Algérie, algérienne d'origine européenne, fille de Pierre Minne surréaliste, libertaire et communiste et d'une mère communiste elle-même combattante de la liberté, Jacqueline Guerroudj, Djamila Amrane était une historienne combattante, une mère et une poétesse.
On lui doit une thèse publiée sur les engagements de femmes dans la guerre de libération de l'Algérie basé sur 88 entretiens de femmes résistantes : ces ouvrages sont des références incontournables sur la question. 
Avoir partager des faits d’armes avec celles qu’elle interviewait tout en ayant une solide formation universitaire la plaçait à un endroit qui défie la soit disant neutralité académique. 
Son travail est précisément profond de cette double formation : celle à l'université et celle au maquis.
 
Elle fut agent de liaison, maquisarde, fidaya, elle a risqué sa vie pour cet idéal partagé de Libération - l'on peut être très sérieux quand on a 17 ans, et ce en pleine bataille d’Alger.

Elle a récolté patiemment et avec acuité les récits de ses femmes, de cette "mafia des moudjahidate" comme je l'ai entendu nommée dans plusieurs bouches avec tendresse.

Pour ma part Djamila est la première personne que j'ai interviewée pour un documentaire et la première à m'avoir fait confiance en tant que réalisatrice : à m'ouvrir ses cahiers, ses archives, son carnet d'adresses sa maison et finalement son affection pour faire ce film Moudjahidate.

Son regard lumineux, exigeant, attentif et pétillant m'a accompagné avec patience et douceur dans cette quête de transmission de cette mémoire des femmes dans cette lutte anti-coloniale. 
Djamila est devenue une grand-mère de cœur pour moi, une ancêtre, une inspiration dans mon arbre généalogico-politique, l’incarnation d’une possible trajectoire politique. Une jeune femme blanche rompt avec le système colonial qui la privilégie, le court-circuite pour se placer aux côtés des colonisé.es qui se soulèvent.

Elle s'est engagée et a pris les risques nécessaires pour porter la lutte au même titre que les autres algériennes : les transports d'information et d'armes pendant la bataille d'Alger, infirmière au maquis, et puis encore debout en prison comme à celle de Rennes par exemple où elle maintiendra avec ses camarades suffisamment la pression auprès du directeur pour obtenir l'accès à la presse, à l’instruction : il fallait préparer l’avenir du pays indépendant.

Djamila aurait refusé que son origine européenne, c’est à dire le fait d'être blanche socialement lui confère plus d'égards ou de reconnaissance pour son engagement dans cette décolonisation de l’Algérie : pas si ces égards et cette reconnaissance ne furent pas collectifs. 

Elle m'a accompagnée dans la réalisation de ce film parce que précisément il s’agissait d’interroger la définition de ce qu’est un militant ou une militante. 
Une définition « qui n’est pas toujours évidente » une définition qu’il s’agissait d’élargir, pour revaloriser tous les actes du quotidien et ceux déconsidérer car vu comme normal, ceux souvent pris en charge par des femmes : soigner les blessé.es aux maquis, nourrir et cacher des militant.es, transporter des documents, ou encore mettre son bébé dans les bras d’une moudjahida pour qu’elle puisse passer plus facilement un checkpoint : des actes sans armes essentiels qui sont légions.

Son écriture d’une d’une Histoire collective remettait en question les personnifications de l’héroïsme : le peuple entier était le héros.

Djamila ressemblait physiquement à ma grand-mère bretonne elle aussi décédée, Paix à leurs âmes. 

Dans cette ère où règne le droit non plus international mais celui du plus fort, 
dans les moments de gorges serrées et d’angoisse profonde comme l’Etat du monde et celui de la société française peut nous plonger, je sais que son héritage et sa force m’accompagnent, se déposent sur moi et sur sa famille, ses magnifiques enfants et petits-enfants. 

Est-ce qu’on peut faire parler les fantômes ? 

Qu’aurait-elle à nous dire et à nous apprendre sur le monde d’aujourd’hui ? 

Ce qui est certain c’est qu’elle serait vocale sur les différentes formes de colonialisme et sur le génocide en cours perpétué par Israël sur le peuple palestinien. Le dirait-elle par sa poésie ? Par une étude comparative socio-historique entre la place des femmes dans la lutte en Algérie et celle en Palestine aujourd’hui ? 
Trouverait-elle des analogies entre la manière de déshumaniser et délégitimer les différentes formes de résistances palestiniennes comme l’était celle du FLN dans les médias français ? 
Parlerait-elle des techniques de tortures d’État utilisées en Algérie et enseignées par le gouvernement français comme celles validées et acclamées au parlement israélien ? 

Gageons qu'elle parlerait certainement du souffle et de la détermination que portait le peuple algérien dans la clandestinité et dans la rue jusqu’à sa victoire.

Un souffle une détermination, un #sumup que l’on retrouve au milieu des ruines dans les mots des palestiniens et palestiniennes encore debout. 

On ne fait pas parler les fantômes mais leur héritage déposé nous oblige

 tout comme leur amour transmis d’un idéal et d’un pays

un idéal qui nous rappelle de construire l’avenir et de le prendre à bras le corps

Tahia Djezaïr 
Tahia Falestine 

5 juillet 2025
Alexandra Dols


En présence de

Stéphane Troussel, Président du Département de la Seine-Saint-Denis

Pascale Labbé, Vice-présidente chargée de l'Observatoire départemental des
violences envers les femmes et de l'Égalité Femmes-Hommes

Belaïde Bedreddine, Vice-président chargé de l'Écologie urbaine

Dominique Dellac, Vice-présidente chargée du patrimoine culturel, de la mémoire,
du tourisme et de l'éducation artistique et culturelle

Oriane Filhol, Conseillère départementale déléguée chargée de la jeunesse et de
la lutte contre les discriminations


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